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 Changement [Erza, Mirajane, Laxus]

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Bymeha

Bymeha


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MessageSujet: Changement [Erza, Mirajane, Laxus]   Changement [Erza, Mirajane, Laxus] EmptyMar 7 Mai - 14:33

Changement
— Première partie —


┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅

  • Chronologie : Avant l'entrée de Lucy à Fairy Tail. Comporte quelques spoils concernant Lisanna pour ceux qui ne connaissent pas son histoire.

  • Rating : T

  • Genre : Angst/Drama/Friendship

  • Personnages : Centric Mirajane, Erza, Laxus.

  • Disclaimer : Les personnages de Fairy Tail ainsi que son univers appartiennent à Hiro Mashima.


┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅

Parti.

Tout était parti.

Ses parents, tout d'abord. Ils étaient partis, bien que sans vraiment le vouloir ; ils étaient partis et les avaient laissés seuls, son petit frère, leur petite sœur et elle, lui imposant une responsabilité en tant qu'aînée dont elle n'avait au départ pas voulu.

Son sourire était parti. Sa naïveté et son innocence étaient parties.

Tout, tout était parti.

Puis il y avait eu Fairy Tail. Il y avait eu ces missions, ces membres, cette nouvelle famille. Il y avait eu la magie, sa rivale, son statut en tant que mage de rang S, sa réputation en tant que fille de Satan, sa gloire, son bonheur. Leur bonheur.

Et le bonheur avait disparu à son tour ; parce qu'elle avait été imprudente. Beaucoup, beaucoup trop imprudente. Trop fière, trop orgueilleuse.

Lisanna était partie. Elle était partie, disparue à jamais — à cause d'elle.

Mirajane avait tué sa petite sœur. Elle l'avait prise avec eux, l'avait exposée au danger. Elle l'avait laissée s'interposer entre elle et Elfman, alors qu'il avait perdu le contrôle.

Elle avait vu le coup, l'unique coup qui lui avait été porté — fatal, dévastateur, décisif. Elle avait vu sa petite sœur mourir sous ses yeux, impuissante. Elle avait vu ses yeux vides se fermer, alors que les larmes coulaient silencieusement le long de ses joues pâles, affreusement pâles, un sourire venant étirer ses lèvres pour la dernière fois, comme pour essayer d'effacer ses craintes, de lui dire que tout irait bien — alors que tout n‘allait pas bien, justement, qu‘avec Lisanna, c‘est tout son monde, toute sa confiance qui partait.

Mirajane l'avait suppliée de rester. Elle lui avait hurlé de ne pas l'abandonner, de ne pas la laisser. De ne pas partir, d'emporter tout ce bonheur, toute cette vie, tous ces sourires, tout cet amour. Sa famille.

Mais rien n’y avait fait ; Lisanna est morte. Partie.

Tout, tout était parti ; son bonheur, sa joie de vivre, son sourire. Ses pouvoirs.

Sa magie.

Mirajane se mordilla violemment la lèvre à cette pensée, déglutissant péniblement alors qu'elle sentait déjà les larmes venir lui picoter les yeux. Devant elle, Erza se retourna, la couvant d'un regard dur mais néanmoins soucieux.

« Mira ? Ça va aller ? On peut rentrer, si tu penses que…

— C'est bon, ça va. »
, la coupa la démone avec un petit sourire forcé, attrapant la main qu'elle lui tendait pour grimper la pente raide du pic rocheux sur lequel elles se trouvaient depuis maintenant quelques heures déjà.

Elle ne pouvait pas les décevoir. Elle ne pouvait pas se montrer faible — pas maintenant. Pour Elfman. Pour Fairy Tail.

Pour Lisanna.

En temps normal, elle aurait prit sa forme démoniaque, et Erza et elle n'auraient eu que quelques minutes de vol à faire pour atteindre le sommet. Mais elle n'y était pas arrivée ; avec horreur, elle avait constaté que quelque chose s'était bloqué en elle. Que le pouvoir qu'elle aurait dût sentir, instinctivement, s'en était tout simplement allé — parti.

Lorsqu'Erza lui avait demandé pourquoi elle ne se changeait pas, la démone avait doucement répondu qu'elle avait envie de marcher un peu, histoire de faire fonctionner les muscles qu'elle avait laissé au repos pendant le dernier mois — et elle avait menti.

Mirajane se massa le ventre, dans lequel une boule d'angoisse s'était formée. Non, elle était peut-être juste fatiguée. Elle, la fille de Satan, brusquement privée de ses pouvoirs ?

Non, non. Ça ne pouvait être qu'une erreur. Ça allait revenir ; il lui fallait juste du temps. Elle allait le retrouver. Se changer les idées, se concentrer, c'est tout ce dont elle avait besoin. Oui, voilà.

Un peu de temps. Il lui fallait juste un tout petit peu plus de temps.

Devant elle, Erza ouvrait la marche, silencieuse. Mirajane baissa les yeux ; elle n'avait pas lâché sa main et la tirait presque en avant, sans vraiment s'en rendre compte.

Leurs querelles et chamailleries avaient prit fin à l'instant même où Titania avait croisé son regard, après avoir accouru à toute vitesse à l'infirmerie, lors de cette nuit sans étoiles, ce ciel sans nuages, où son frère et elle étaient rentrés de mission, seuls.

Elle avait vu Elfman étendu dans un lit, silencieux, Mirajane pleurant à chaudes larmes à ses côtés. Elle avait remarqué l'absence de Lisanna.

Et elle avait comprit. Portant une main à son visage comme pour cacher l'expression horrifiée qui s'y était peinte, elle s'était raccrochée à l'encadrement de la porte, tremblante, tandis que l‘horrible vérité s‘insinuait lentement et sournoisement sous son armure dans sa poitrine, pour mieux l‘atteindre, la surprendre, la déchirer.

Lisanna était partie. Morte, elle était morte — partie, à jamais.

Leurs regards s’étaient croisés. Erza s'était silencieusement approchée d'elle, tandis que la démone la fixait de ses yeux bleus plein de larmes. Toujours sans rien dire, elle avait entouré les épaules secouées de sanglots de l'aînée des Strauss qui s'était remise à pleurer, étouffant des lamentations silencieuses dans son épaule, le visage déformé par la douleur ; et toutes les querelles passées s’étaient envolées, tout ce qu’elles avaient pu un jour se reprocher avait disparu dans le flot de larmes continues qui coulaient silencieusement le long de leurs joues.

Erza avait été là, plus que n'importe qui d'autre. Elle avait pleuré avec elle, avait souffert avec elle. Consciente que Mirajane était incapable de fournir les réponses que les autres attendaient, c'est Erza qui avait expliqué comment Lisanna avait disparue. C'est elle qui s'était avancée vers Natsu, avec courage et résignation, pour lui annoncer la mauvaise nouvelle, elle qui avait supporté les cris du Dragon Slayer, ses rugissements, ses hurlements de douleur, elle qui l'avait calmé, elle qui avait accepté de porter ce lourd fardeau pour les aider, tous, elle qui avait séché leurs larmes, elle qui s'était parée de sa plus belle armure pour tout encaisser à leur place. C'est elle qui avait partagé les récompenses de ses missions avec la famille Strauss avec l'aide des autres, lors du premier mois qui avait suivi le tragique accident, elle qui avait été là pour aider la famille à se nourrir et sortir — à vivre, aussi simplement que ça en ait l‘air.

Parce que Mira s'était sentie changer. Elle s'était rendue compte que le regard qu'elle posait à présent sur le monde était différent. Elle n'osait pas aller voir son frère de peur de voir son regard qu'elle imaginait aisément accusateur, de peur que lui-même ne pense qu'elle lui en voulait. La simple idée de se rendre en mission lui avait provoqué une violente nausée, un malaise insupportable, une vague de regrets.

Elle était la seule coupable de cette tragédie. C'est elle qui avait exposé au danger les deux personnes les plus importantes de sa vie — c'était de sa faute. Elfman n'avait pas à s'en vouloir, elle était la seule à blâmer pour la disparition de Lisanna. Tout était parti.

Et c’était de sa faute.


C'est Erza qui accompagnait Mira pour sa toute première mission, après cette difficile épreuve. C'est elle qui, après avoir cerné l'hésitation de la démone, s'était proposée comme partenaire pour un travail très largement à leur hauteur — et peut-être Titania avait-elle secrètement espéré faire revivre la flamme de la fille de Satan, peut-être avait elle pensé l‘aider ainsi à combattre ses propres démons, ses craintes les plus secrètes et douloureuses.

Oh, cette mission, elle aurait très largement pu la faire toute seule. Débusquer un essaim de monstres et détruire leurs nids ; rien de plus simple pour elle. Elle était une mage de rang S, aussi puissante que Titania. Un monstre à elle toute seule ; la fille des démons, celle qui avait accepté de se baigner dans un sang aussi noir que l’abysse pour protéger les siens.

Mira se mordilla la lèvre à cette pensée.

C'est ce genre de raisonnement qui avait coûté la vie à Lisanna. Parce qu'elle avait été trop sûre d'elle, trop fière, pour penser que cette mission, pourtant de rang S, était assez simple pour qu'elle prenne le risque d'emmener les deux seuls membres restants de sa famille.

Elle avait été imprudente. Elle avait laissé Elfman faire ses preuves et l'avait vu perdre le contrôle, impuissante. Elle avait vu Lisanna s'avancer vers son frère qui n'était plus tout à fait lui-même, un sourire aux lèvres. Elle l'avait vue lui parler, avec toute la naïveté, toute l'innocence dont elle pouvait faire preuve, toute sa gentillesse, toute sa douceur — elle avait vu l’ange s’envoler, dans un dernier acte de bonté.

Elle l'avait vue se faire proprement éjecter sur plusieurs mètres. Elle avait entendu ce craquement sinistre, tandis que sa petite sœur se faisait balayer comme on chasserait un insecte, comme on lancerait une poupée de chiffon dont on ne veut pas, dont on ne veut plus, parce que sa vue nous dérange, nous importune.

Elle l'avait vue disparaître sans pouvoir faire quoi que ce soit. Elle l'avait vue mourir à petit feu, impuissante, dans ses bras, sous ses yeux — et elle n’avait rien pu faire.

Mirajane avait tué sa sœur.

« Mira. »

Cette dernière releva la tête et chassa ces pensées de son esprit en secouant brièvement la tête. Erza avait lâché sa main pour faire apparaître une épée, les sens en alerte.

Mirajane fronça les sourcils en détaillant les alentours. Autour d'elles, le sol rocailleux s'était fait plus lisse, délimitant une arène naturelle aux hauts murs faits de roches et de grottes ; mais elle n’y voyait rien.

Tout était vide. Vide — parti.

Comme Lisanna.

« Il y a quelque chose, pas loin. Ça se rapproche. Essaie de faire att- »

Titania n'eu pas le temps de finir sa phrase que le sol se mit soudainement à trembler, forçant la rousse à y planter son épée pour s'y maintenir en cas de chute et la démone à s'accrocher à son amie, scrutant les alentours d'un œil attentif.

La panique l’envahit ; elle n'avait rien senti.

Rien. Rien du tout — elle, Mirajane Strauss, la fille de Satan, la dompteuse du Satan Soul n'avait rien senti ; et, brusquement, cette peur, cette appréhension qu'elle avait réussi à chasser revinrent, plus fortes, plus persistantes.

Elle était sans défense.

Mirajane sentit son cœur s'affoler dans sa poitrine, alors qu'un espèce de gigantesque ver s'extirpait difficilement du sol, une gueule grande ouverte laissant apercevoir de nombreuses rangées de dents et par laquelle s'échappa un rugissement furieux.

Erza avait déjà revêtu son armure du Purgatoire, faisant apparaître une lance noire aux pics acérés dans sa main droite avant de se lancer à toute vitesse vers le monstre ; Mira ne put que se terrer dans un recoin, essayant vainement de ce concentrer.

Elle ne sentait rien. Plus de magie, plus de pouvoir, plus de Satan Soul. Plus rien.

Tout était parti.

Elle était vide, vide de tout pouvoir, vide de convictions. Vulnérable, aussi. Terriblement vulnérable et en danger.

« Mira ! Mira, bouge de là ! », hurla Titania en rejetant férocement le monstre dont les dents avaient percuté de plein fouet sa lance.

En moins d'une seconde, elle se déporta à ses côtés, vêtue de son armure de l'impératrice de la foudre — et elle était si forte, si puissante, bel et bien digne de porter le nom de Titania, tandis qu’elle n’arrivait même plus à trouver sa source de pouvoir, ne pouvait même plus se tenir debout face à l’adversité.

Un éclair de la part de sa lance dissuada bien vite le ver de s'approcher d'elle, tandis qu'un sifflement de douleur se faisait entendre. Erza attrapa la jeune fille par le bras pour l'aider à se relever, la regardant sans comprendre.

« Mais qu'est-ce que tu fais ?! Transforme-toi, vite ! »

Mirajane hocha fébrilement la tête et ferma les yeux pour mieux de concentrer, craignant que ce qu’elle redoutait tant, que ce à quoi elle se refusait à croire ne soit réellement entrain d’arriver.

L’aînée des Strauss sentit son cœur chuter dans sa poitrine ; elle n’avait rien trouvé. Rien. Pas une minable étincelle de magie, pas la moindre ombre de présence du démon ; rien.

Tout était parti.

Ses iris céruléens s'ouvrirent bien vite sur le regard inquiet de son amie, alors que la vision de l'aînée des Strauss s'embuait petit à petit de larmes ; et le désespoir l’envahit, alors qu’elle puisait sans rien trouver, cherchait sans comprendre, se perdait dans les méandres de son être décomposé — parce qu’elle sera à jamais seule, à jamais incomplète, désormais. Parce que Lisanna était partie.

Tout était parti.

« Je peux pas... Erza, je peux pas, j'y arrive pas, je…

— Mais qu'est-ce que tu racontes ?! »


La rousse balança de nouveau un éclair vers la bête, qui poussa en rugissement de fureur en se tordant misérablement au sol.

C'était comme s'évertuer à vouloir remonter de l'eau d'un puis asséché. C'était comme creuser dans le sable, qui s'échappait d'un côté et recouvrait le trou de l'autre, glissant. C'était comme vouloir attraper de l'air entre ses doigts. C'était comme nager au fond de l'océan, sans jamais trouver un fond contre lequel rebondir pour remonter à la surface.

Son pouvoir était enfoui, disparu. Le puis de sa magie ne se résumait qu'à quelques misérables gouttes d'eau. Lorsqu'elle trouvait une infime part de pouvoir en elle, il disparaissait aussitôt sous une vague de doutes et de culpabilité.

Morte. Lisanna est morte.

À cause d'elle. Parce qu'elle n'avait rien fait, parce qu'elle n'avait rien pu faire. Parce ce qu'elle s'était montrée bien trop imprudente, bien trop fière.

Le démon l'avait trouvé faible. Faible et impuissante. Indigne et bien loin de la fière mage qu'elle avait été autre fois, de l‘enfant au visage strié de larmes qui avait accepté de tout abandonner pour protéger, de la gamine effrontée qui s‘était déchiré les cordes vocales pour le retenir et le rappeler, de celle qui s‘était rendue malade pour obtenir la clé même de ce pouvoir ; trop loin de ce qu‘était le démon combatif qu‘elle avait possédé, trop loin de celle dont la rage était plus que vivifiante pour un être comme lui. Il l’avait trouvé indigne ; alors il était parti.

Parti ; le démon était parti. Le pouvoir était parti. La magie était partie.

Tout partait. Tout était parti — et elle ne pouvait que regarder sans rien faire, accepter et s’en mordre les doigts jusqu’au sang, laisser le désespoir l’envahir et la détruire.

Erza poussa violemment la jeune fille sur le côté, un des vers s'extirpant du sol à l'endroit où elle se trouvait il y avait quelques secondes à peine, la gueule grande ouverte.

Mirajane se redressa péniblement et essuya ses larmes ; mais les sanglots ne se tarirent pas pour autant. Pitoyable. Elle était si pitoyable...

« Mira ! Mira, reprends-toi ! Essaies de... eut le temps de s'écrier Titania, avant qu'un des monstres ne charge vers elle, toutes dents dehors. Rah, mais ce qu'ils sont collants ! »

La pauvre créature périt dans un hurlement de douleur, alors qu'elle de consumait tout à fait suite à l'attaque de la lance d'Erza, vêtue de son armure de l'Impératrice de feu — et elle était si rapide, si vive, si puissante, comparée à elle.

Vulnérable. Elle était terriblement vulnérable.

Elle allait mourir. Si elle ne faisait rien, elle allait mourir, ici et maintenant — et elle partira alors à son tour, face aux siens qu’elle avait perdu, face à ce qui l’avait abandonné sans rien lui laisser en retour.

Elle se retrouva de nouveau face à Erza, sans avoir eu le temps de comprendre pourquoi. Les bras levés au dessus de son amie, Titania retira sa lance de la tête du monstre qui menaçait d'attaquer l'aînée des Strauss par derrière dans un bruit écœurant, avant que ce dernier ne roule au sol pour finir sa chute quelques centaines de mètres plus bas.

Elle aurait pu mourir.

Mirajane sursauta violemment lorsque le bruit produit par l'impact raisonna jusqu'à leurs oreilles, amplifié par les gigantesques parois de pierre du ravin ; et en réponse à cela, son cœur se remit à battre, ses larmes à couler, la réalité réapparut, plus forte que jamais.

Elle était fatiguée. Fatiguée. Épuisée et ravagée par la tristesse et le désespoir — celui de ne rien pouvoir faire, de ne pas pouvoir agir ; et le silence revint, ponctué par les sanglots qu'elle ne cherchait même plus à étouffer, à cacher.

Erza se redressa après avoir reprit son souffle, le sang poisseux de ses victimes plaquant ses cheveux contre son front. Son regard brun se posa sur elle, dur, plein de jugement qu’elle ne chercha même pas à retenir — un jugement qui faisait mal, un jugement qui aurai pu paraître injuste, certes.

Mirajane soutint son regard sans ciller, terriblement navrée ; parce qu’elle avait raison. Erza avait toujours raison — et il n’y a que maintenant qu’elle le comprenait. Qu’elle aurait du protéger les siens comme Erza le faisait. Qu’elle aurait du se protéger d’abord, n’amorcer une bataille qu’en possédant toutes ses forces, qu’en étant sûre d’avoir ne serait-ce qu’une chance de gagner.

Elle avait failli mourir. Elle avait failli abandonner Elfman. Abandonner Fairy Tail.

Elle avait abandonné.

Et avant qu'elle n'ait eu le temps de remercier Erza pour l'avoir sauvée, le temps de s‘excuser pour avoir abandonné, l'aînée des Strauss se prit la gifle la plus magistrale de sa vie ; et les ténèbres s'emparèrent de sa conscience.

┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅

Erza poussa la porte de la guilde dans un soupir, encore fatiguée de son dernier voyage. Immédiatement, elle chercha les mèches immaculées de Mirajane du regard ; mais rien. Pas de démone en vue.

Elle sentit son cœur se serrer.

Mirajane ne lui avait pas adressé un mot depuis leur retour de missions, si ce n’était que les politesses habituelles — politesses qu’elle n’avait pas l’habitude d’employer. Le retour s’était fait en silence, dans la cabine d’un train bercée par le ronronnement de la pluie contre la vitre ; pourtant, la rousse aurait juré avoir entendu des sanglots étouffés de temps à autre, un abandon qui la touchait autant qu’il la révulsait. La mage chevalier soupira ; tant pis. Elle verra plus tard. Elle savait que Mirajane avait besoin de temps, après tout, et ça pouvait se comprendre — n’empêchait qu’elle fera pour sûr plus attention, à l’avenir. Erza s’étira et finit par rejoindre Cana et Grey à une table, les deux jeunes mages s'échangeant un regard entendu avant de lever les yeux vers Titania.

Cette dernière arqua un sourcil.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Cana jeta un coup d'œil à Grey et porta son verre à ses lèvres pour siroter son jus de fruits — même si la mage chevalier se doutait fortement qu'il ne contenait pas que ça, rien qu'a l'odeur significative qui avait tendance à trainer autour de Cana ces temps-ci — comme pour montrer à son ami qu'elle ne comptait pas répondre, ce qui arracha un soupir agacé au mage de glace qui finit sa cigarette en vitesse. Erza ne trouva même pas le courage de le réprimander ; elle était trop fatiguée, trop découragée.

Grey soupira avant de se pencher vers son amie pour souffler à voix basse :

« Tu... T'as vu Mira, ce matin ? »

Erza craint le pire pendant quelques instants et se releva brutalement, s'attirant le regard de tous les autres mages venus se retrouver dans la taverne, anormalement silencieuse. Son cœur avait raté un battement ; le voilà qui tambourinait à tout rompre dans sa poitrine, paniqué, survolté.

« Où elle est ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! »

Grey se leva et prit le risque de la prendre par les épaules pour la forcer à se rasseoir.

« Doucement, doucement... Elle va bien Erza, elle a juste...

— Où ?! Où est-ce qu'elle est ? »
, s'écria la rousse, plus fort encore.

Les battements de son cœur s'accélérèrent davantage, tandis qu'elle balayait la salle du regard ; ils avaient l'air gênés. Pas tristes, mais mal à l'aise — et elle sentit un mélange de panique et de colère remonter, irrépressible crainte qu’elle ne parvenait pas à écarter.

Elle n'était pas là — et pourquoi ?! Pourquoi n’était-elle pas là, hein ?!

Alors pourquoi est-ce que Grey lui avait demandé ça sur un ton aussi navré ? Pourquoi lui avait-il demandé ça comme s'il s'apprêtait à lui annoncer une mauvaise nouvelle ? Est-ce que Mira…?

La main de Cana se posa sur son épaule.

« C'est bon, calme-toi. Elle est dans le bureau du maître. »

Grey l'avait tout juste lâchée qu'elle se hâtait déjà en direction de la pièce qu'elle connaissait bien pour y être tant de fois entrée, le petit talon de ses bottes claquant furieusement contre le sol de bois.

Avant qu'elle n'ait eut le temps de poser sa main sur la poignée de la porte, celle-ci s'était ouverte en silence sur le maître, pas vraiment étonné de la voir débarquer comme ça. Furieuse, Titania l'avait contourné, toujours de cette démarche vive de colère — et de peur, de crainte, muée par cet étrange pressentiment qui lui enserrait la poitrine, l'écrasait jusqu'à lui en couper le souffle, lui tordait le ventre et faisait presque vriller sa tête.

« Où est... ?! »

Erza s'était tue, tétanisée, figée sur place.

Elle ne l'avait pas reconnue tout de suite, trop éblouie par ce qu'elle dégageait pour se rendre compte qu'il s'agissait de la personne qu'elle cherchait ; mais elle était là. Là, assise sur une chaise et la regardant comme si de rien n'était, avec un petit sourire triste, résigné aux lèvres.

Elle avait changé.

Terriblement changé.

Ses longs cheveux clairs avaient été lâchés, ondulant avec élégance le long de son dos et accrochant la lumière pâle du jour qui se découpait à travers la vitre légèrement teintée par le temps d‘une fenêtre. Sa frange était relevée en une petite couette au dessus de son front, dévoilant un visage aux traits délicats et emprunts de douceur. Elle portait une robe — par tous les dieux, Mirajane portait une robe ! — dont la couleur oscillait entre le fuchsia et le rouge, beaucoup plus sage que ce avec quoi Erza avait l'habitude de la voir, soulignant la grâce de ses formes généreuses tout en lui octroyant un côté bien plus raisonnable. Et elle était belle, et elle avait l’air gentille, avenante, plein de grâce et de bonté — et ça l’effrayait, la terrorisait, bon sang que ça la terrorisait.

Parce que la jeune fille qui lui faisait face lui était totalement inconnue.

Et pourtant, la tristesse qu'elle pût discerner dans son regard azur lui arracha un pincement au cœur, tant elle lui était familière, du fait qu'elle ait été presque permanente dans les yeux de son amie ses derniers jours. L’envers du masque qu’elle apercevait la déchira littéralement de l’intérieur, trop frappante pour ne pas être vue, trop présente pour avoir disparu.

Mirajane lui sourit avec douceur — et ce sourire sonnait si faux aux yeux de Titania qu‘elle eut brusquement envie de se mettre à pleurer. Pas tout à fait hypocrite ni même trop forcé ; juste horriblement faux.

« Bonjour, Erza. »

Changé — elle avait changé.

Erza s'était montrée incapable de lui répondre. Au lieu de ça, elle la fixait avec des yeux ronds, presque horrifiés, ne sachant pas si elle devait se mettre en colère ou éclater de rire et dire à Mirajane que sa blague était franchement bizarre, tout en se réjouissant de voir la bonne humeur et les idées fourbes qui lui passaient par la tête reprendre le dessus. Elle ne savait pas si elle devait tourner les talons et fuir l’étrangère qui lui faisait face, la secouer dans tous les sens jusqu’à ce que sa haine ne remonte et qu’elle se mette à hurler, se laisser choir sur le sol et se mettre à pleurer ; mais qui oserait attaquer une telle figure de bonté, qui oserait attaquer le visage d’ange qui lui souriait ?

Mais non ; non, Mirajane n'était pas entrain de plaisanter. Non, Mirajane ne changera pas de position, n’abandonnera pas cette folle idée.

Mirajane avait simplement changé.

Erza ne la reconnaissait plus — et c'était quoi ce sourire, cette tenue, cette attitude ? Cette gentillesse spontanée, cette résignation, ce sentiment d'abandon ? Où étaient passées les brimades, les moqueries, les chamailleries ? Où était cachée la Mirajane avec laquelle elle s’était endurcie, avec laquelle elle avait grandi ?

Un goût amer lui resta en travers de la gorge, alors que la vérité éclatait au grand jour, douloureuse, mesquine, elle-même pleine de mensonges et de non-dits ; Mirajane avait abandonné. Elle avait osé abandonner.

Titania avait difficilement avalé sa salive avant de lui offrir un pauvre sourire, en réponse à cette mascarade qui, elle le savait, n‘était qu‘un moyen de se cacher et de tarir la douleur à leurs yeux. Une lueur dure mais résignée traversa le regard de Mirajane ; un écho à ce qu’elle avait été, l’ombre de sa colère, une parcelle du démon morcelé qui n’attendait que de se réveiller. Alors Erza baissa les yeux, sourit encore puis tourna des talons — et elle se mit à fuir, à fuir, loin de tout ça, loin de ce dont elle ne voulait pas.

Parce que la Mirajane qui lui faisait face n'était plus la Mira avec laquelle elle avait grandi.

┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅┅

Mirajane reprit difficilement conscience. Sa tête lui faisait mal, atrocement mal, et elle se sentit nauséeuse, l'espace d'un instant. Elle sentait qu’on la soulevait, aussi fragile et délicate qu’une poupée ; et sans doute aurait-ce pu être agréable, si ça avait été dans un autre contexte.

« T'aurais pas dû la frapper.

— Elle s'est évanouie juste après. Ce n'était pas de ma faute, je te l'ai déjà dit. »


Le cœur de Mirajane se serra douloureusement en reconnaissant les voix des deux interlocuteurs.

« C'est pas normal, Erza. C'est le vieux qui m'a envoyé pour vous ramener. T'as pris une mission facile, Mira aurait pas dû…

— Je sais
, trancha Titania sur un ton sec, enjambant un obstacle inconnu dans un saut agile et précis. Je sais, Laxus. »

Laxus.

Le regard céruléen de l'aînée de Strauss se posa sur des cheveux blonds et un casque qu'elle connaissait bien. C'est lui qui la portait sans le moindre effort apparent, redescendant la pente plus ou moins aisément en prenant garde à ce qu'elle reste plutôt stable dans ses bras.

Mirajane sentit les larmes lui picoter les yeux, lui brouiller la vue, tandis qu'elle remuait doucement contre l'épaule musclée du jeune homme, réveillant son corps endolori.

Elles coulèrent d'elles-mêmes le long de ses joues, silencieusement. Parfois, un hoquet étouffé se fit entendre. Heureusement, Titania était trop loin devant et probablement trop profondément plongée dans ses pensées pour s'en rendre compte. Elle frissonnait par moment, le froid mordant sa peau là où ses vêtements avaient été déchirés.

Il s'en rendit compte. Mirajane le comprit à la façon dont il fit craquer les articulations de sa nuque douloureuse avant de la remonter un peu plus contre son épaule, évitant par là-même d'infliger des douleurs supplémentaires au niveau du dos de la jeune fille. Elle sentait son odeur, sa chaleur, les battements de son cœur tout contre sa main, entendait quelques bribes de sons indistincts provenant de son casque ; et l’espace d’un instant, le souvenir d’un après-midi dans les champs d’une région lointaine remonta à la surface, moment éphémère où ils avaient été coupés du monde, juste le temps d’une mission. Un après-midi à la fois pluvieux et ensoleillé, délicieusement tièdes par les secrets qu’ils s’étaient échangés entre deux de ses morceaux de musique préférés. Et elle se dit qu’elle aurait pu se sentir bien, là, comme ça.

Mais la réalité était autre — et Laxus ne dit rien. Pas un mot, pas un regard. Rien.

Au lieu de ça, il fit glisser le manteau qu'il n'avait pas prit la peine d'enfiler sur le corps de la jeune fille d'un mouvement d'épaule étonnamment bien contrôlé, lui épargnant les désagréments du froid ambiant et étouffant le bruit de ses pleurs qu'elle espérait aussi silencieux que possibles.

Ça aurait pu paraître gentil — ce n'est pas comme ça qu'il fallait qu'elle le prenne. Elle le savait. Elle le connaissait.

C'était comme cacher un objet. En la recouvrant de son épais manteau, Laxus avait caché la faible Mirajane dont il ne voulait pas ; comme on cacherait un jouet, comme on gribouillerait une photo, parce que sa vue nous importunait, nous gênait, nous apportait une vérité dont on ne voulait pas.

Mais par ce simple geste, Mira comprit qu'il était conscient de son état ; et sans doute ce silence fût ce qui provoqua en elle plus de colère et d'indignation que tout le reste.

Elle était faible. Faible et impuissante. Le peu de respect et de considération qu'elle avait pût avoir de Laxus après tant d'années, elle venait de le perdre ; elle le savait.

Elle était passée de son statut de fille de Satan, de son rang prestigieux de mage de rang S à celui d'une simple mage, banale, faible, possédant tout juste assez de magie pour changer de visage.

Laxus était intéressé par la puissance. La force.

Maintenant qu‘elle était devenue faible, c'est comme si elle n'existait plus ; et si c'était son cas, sans doute serait-ce celui des autres.

Comment regarder Eflman en face, maintenant qu'elle n'avait plus de magie ? Comment vivre tout en étant consciente qu'elle l'obligerait à utiliser sa magie, ce pouvoir même qui avait valu la vie de Lisanna, puisqu'elle n'en aurait pas ?

Comment se présenter devant Erza la tête haute, devant le maître, Cana, Grey, Natsu et les autres ?

Le visage neutre, le petit fils du maître finit par lever les yeux vers le ciel, humant l'air tout en scrutant les nuages sombres.

« Une tempête approche. », déclara-t-il simplement en se remettant à avancer, suivant Erza dans un sentier qui devrait les mener en bas de la montagne.

Titania s'arrêta et leva les yeux à son tour ; la goutte d'eau de pluie qui vint s'écraser contre sa joue suffit à donner raison au petit fils du maître.

Erza soupira et jeta un coup d'œil aux environs, essentiellement composé d'un petit chemin de terre escarpé et difficile d'accès entouré de roches dont la couleur oscillait entre le brun et l'ocre et sur lesquelles poussaient parfois quelques fougères. Puis, après s'être elle-même étirée, Titania se rapprocha d'avantage de Laxus et se permit de scruter son visage, intriguée par la contrariété qu'elle pût y voir.

De la déception, aussi. Un peu de résignation, parce que Laxus était loin d'être idiot. Une colère sourde — mais la tristesse d’avoir perdu ce à quoi on avait un jour tenu.

Parce que la Mirajane qu'il avait connue, celle qu'il avait apprit à connaître, à apprécier même — bien que cet intérêt particulier qu'il lui portait, il mettait ça sur le fait que c'était sa puissance magique et non sa personnalité qui l'attirait, peut-être parce qu’il ne s’osait pas à se dire qu’il l’aimait, peut-être oui, peut-être — avait disparue.

Partie.

Elle était partie.

La Mirajane qui pleurait le plus silencieusement possible n'était pas celle qu'il connaissait. Ce n'était pas la démone, belle, colérique et capricieuse qu'il connaissait. Ce n'était pas la jeune fille qui lui avait arraché un regard surpris, lorsqu'elle était revenue indemne de l'île où se déroulait l'examen de rang S, cette même fille qui avait jubilé en lui jetant un regard moqueur, agrémenté d'un petit sourire en coin, craquant, assez significatif pour qu'il comprenne qu'elle se moquait bien de lui et qui avait suffit à le mettre en colère, presque hors de lui.

Non, la frêle jeune fille qui venait tout juste de reperdre conscience dans des bras n'était déjà plus la même Mirajane qu'avant.

Erza eut un pauvre sourire en dégageant le visage de la jeune fille, remontant le manteau du Dragon Slayer de foudre jusqu'à ses épaules dans un geste tendre.

La Mira d'avant n'était plus.

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Quelques heures plus tard, Erza échangea un long regard avec Laxus, qui se contenta de soupirer avant d'aller choisir une mission.

Derrière le bar, Mirajane souriait en répondant aux quelques questions d'un journaliste, esquivant la plupart d'entre elles d'un sourire plus éclatant, répondant avec une certaine réserve aux autres — et toujours, toujours ce sourire, si faux, si triste.

Le démon Mirajane était comme morte. Morte, envolée, disparue, tout à fait inexistante, effacée — partie. Tout était parti.

La colère de Mirajane était partie. Les pouvoirs de Mirajane étaient partis. La magie de Mirajane était partie.

La démone, la légendaire mage de rang S de Fairy Tail était partie. Partie, envolée, rayée de la carte à tout jamais.

La Mirajane avec laquelle Erza avait grandi était partie. La Mirajane avec laquelle Laxus aimait comparer leur puissance par tous les moyens, la Mirajane envers laquelle il se surprit à ressentir une sensation de manque indescriptible était partie, sans prévenir, sans rien dire, ne laissant derrière elle que l'ombre de ce qu'elle était.

Et un ange avait prit sa place.

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Changement [Erza, Mirajane, Laxus]
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